jeudi 17 juillet 2014

Désolée Maman, je ne suis pas féministe.

Statut: Flemminisme.

Maman, tu m'as mal élevée. Je suis désolée de te le dire.
Je ne suis pas féministe.
Je me comporte en arriérée. En 2014, je le crie haut et fort.
C'est mal. C'est vraiment mal.

Si tu savais, il faut que je rende ma carte de femme. Et que je dépose mes ovaires et mon utérus.
En ne me ralliant pas à une terminologie, je me condamne à l'opprobre.
C'est fou n'est-ce pas?

L'omerta règne.
Faut pas trop parler des jeunes femmes qui réussissent.
Parce que voilà elles sont minoritaires.
Leur situation ne peut pas servir d'exemple, ah non!
Ce serait donner raison au patriarcat, ce serait se soumettre.
Si on ne veut pas se comporter en victime, on est mise au ban.
On est opprimée à l'intérieur de l'oppression.
L'antiféministeshaming. 
Pointée du doigt parce qu'on est indigne.
Indigne de toutes ces luttes qui ont été menées pour nous.
Parce qu'on refuse de se revendiquer féministe.
Il y a plein de mots fleuris pour nous : les lâches, les tièdes etc.

A 25 ans j'ai eu cette chance de réussir.
Je n'ai jamais peiné à trouver du travail.
J'ai été payée comme mes collègues hommes.
J'ai eu des modèles de femmes chefs d'entreprise,
directrices de cités universitaires, régisseuses techniques,
électro, sondières.
De copines qui partaient en road-trip seules, qui se débrouillaient.
De femmes indépendantes et engagées qui géraient de main de maître des festivals.
Putain, j'ai osé penser qu'on avait avancé un peu. Qu'on était sur la bonne voie.

Mais non. Parce qu'il faut voir le verre à moitié vide.
Mon cas et le cas de toutes celles qui se sentent épanouies,
ça n'a aucune valeur. Pourtant on voulait dire à Olympe
que sa mort n'a pas été vaine. Qu'il y a eu des avancées quand même.
Et que bien sûr la lutte continue, mais qu'elle n'a pas été vaine.

J'ai eu le malheur de croire que j'étais libre.
Libre de refuser une appellation, une étiquette.
Libre de refuser d'être contre "l'homme".
Libre de ne pas avoir envie de participer à une guerre des sexes.

Mon engagement à moi je le pratique à petite échelle.
Quand je discute avec des adolescentes, que je leur partage mon expérience,
que je leur dis qu'on peut réussir, qu'on a le droit d'être respectée.
Quand avec une copine j'empêche un mec de lever la main sur sa chérie.
Quand je dis à une meuf de ne pas insulter les hommes.
Quand je vais danser avec les SDF sur les pistes de danse parce qu'ils sont
des humains comme nous.
Quand je discute des heures durant avec une vieille personne seule.
Quand je donne de mon temps pour l'alphabétisation des personnes précaires.
Quand je ne me braque pas dès qu'un homme m'approche, histoire de lui donner sa chance.

Oui aux personnes qui montent au front et qui veulent brandir un étendard.
J'entends qu'il y a mille nuances dans le "féminisme".
Les pro-hommes, les anti-hommes, les pro-putes, les anti-putes.
Les bien-baisées, les mal-baisées, les heureuses, les malheureuses.
Mais la simplette que je suis trouve cela trop compliqué.
J'éprouve du respect pour les engagé(e)s, vraiment.
Sauf que malheureusement, ces dernières années ce ne sont pas forcément les personnes
constructives qui sont descendues dans les rues.
Beaucoup sont restées derrière leurs écrans à s'indigner de loin. A signer de jolies pétitions change.org.
Dans les rues on a retrouvé les extrémistes, ceux qui veulent détruire tout
ce qui a été édifié. Les Femen, les anti-mariage pour tous, le jour de colère.
Les indignés étaient ailleurs, devant les matchs, aux apéros, à changer le monde
sur des forums.
Sont-ils prêts à sacrifier leur confort pour la cause? A s'engager dans des grèves de la faim?
A mener des actions coup de poing? A mourir pour les générations futures d'hommes et de femmes?
Mes amis hommes féministes, je vous demande:
- Avez-vous demandé la baisse de vos salaires en solidarité avec les femmes sous-payées?
- Êtes-vous descendus dans la rue pour demander la parité au niveau des congés parentaux?
- Êtes-vous à 50/50 des tâches ménagères?
Il se passe comment votre féminisme outre le fait de respecter "la femme"?

Je n'abandonne pas la lutte.
Je ne cautionne pas les agressions, l'intimidation, la violence, la disparité.
JAMAIS. AU GRAND JAMAIS.
Je refuse juste une étiquette.
Parce que dans la sectarisation il y a de l'extrémisme.
Et l'extrémisme ne me convient pas.

- "Quoi tu ne bandes pas? Putain mais tu sers à rien, je suis venue pour baiser et
t'es même pas foutu de me niquer correctement? Dégage" Machine - 26 ans.

- "Je trouve cela avilissant de te sucer." Machine - 23 ans

- "Le vagin n'a pas vocation à être pénétré".

- "Quoi tu lèches pas? Tu sers à rien!". Machine - 30 ans et des poussières.

Ces dérapages féministes-extrémistes sont de plus en plus fréquents. Cette néo-gynarchie
a créé des énervées prêtes à en découdre avec tous les hommes quels qu'ils soient,
à la moindre faille, à la moindre faiblesse, elles vont montrer qu'elles dirigent,
qu'elles gèrent, qu'elles ne vont pas se laisser faire. Et ce quitte à les humilier,
à les remettre à leur place.

Donc non, vraiment non.
Je vais faire cavalière seule.
Lutter à mon échelle, prendre ma vie en charge et
aider à ma hauteur ceux qui ont besoin d'être aidés.
Dénoncer les injustices tant envers l'homme que la femme.
Parce que ce foutu monde n'est pas manichéen,
qu'il n'y a pas "les féministes" et "les autres".

Donc oui Maman, je suis désolée. Je ne suis pas féministe.
Mais je pense que tu m'aimes quand même.
Et c'est tout ce qui importe à mes yeux.


Article écrit à vif - Je n'avais pas envie de trop rationaliser ce qui se tramait dans mon coeur et ma tête.
Tant pis s'il n'est pas cohérent - A ce moment T de ma vie, je pense ce que j'exprime ici.

samedi 12 juillet 2014

Chercher la caresse.

Statut: "Try a little tenderness" - Otis Redding.

Chercher la caresse.
Les tendresses égarées
entre deux meurtrissures.

Oser les effleurements,
les baisers dentelle.
Les doigts qui glissent à peine,
le long d'un corps désiré.

Se confier entre les oreillers
les espoirs, les envies, les désirs.
Les faiblesses aussi.

Descendre les draps loin
des corps pudiques.
Réveiller les ardeurs enfuies.

Le temps qui se suspend.
Pour que l'intime s'expose.
Pour que les regards se fassent doux.
Et les étreintes chaudes.

Un peu d'amour.
Au hasard.