mardi 19 mai 2015

Point final.

Statut: Par la racine.

Hier durant mon insomnie je suis tombée sur cette très triste histoire en baladant sur ce compte instagram
Mon coeur en a été tout chamboulé et une immense vague de sympathie et d'empathie m'a envahie pour cette maman. On ne doit pas voir mourir ses enfants. Ce n'est pas dans l'ordre des choses. Ce sont eux qui doivent nous enterrer parce qu'ainsi va la vie.

Une fois le vague à l'âme passé et le recul pris, je suis restée un peu interdite.Ce constat; Internet et les réseaux sociaux ont complètement modifié notre rapport au deuil. Qu'il soit de la fin d'une vie ou de la fin d'un amour, notre rapport à la rupture, à la brisure ne sera plus jamais le même.

Avant, tu ouvrais un carton et y rangeais scrupuleusement les objets, les bouts qui pouvaient rappeler le tout. Les souvenirs logés au fond du palpitant, tu attendais que le temps estompe le glas du coeur. Toutes les scènes des films aux livres en passant par les BD, toute une vie se rangeait dans un carton.
Venaient les pèlerinages à la tombe, chaque jour, chaque semaine, chaque mois et chaque an. Le temps que cela s'apaise, qu'on se remplisse de jolies choses.

En pensant à l'instagram de cette maman éplorée, je me suis demandé comment elle faisait pour aller de l'avant. Chaque nouvelle personne qui tombait sur son compte, qui découvrait son histoire, qui manifestait de la contrition depuis un an. Chaque jour, une nouvelle compassion d'étranger venant lui rappeler que son petit homme n'était plus, comme si la douleur au fond du coeur n'était pas assez intense. Effarée j'ai même vu quelqu'un qui lui demandait si elle comptait refaire un enfant.

J'ai pensé à Black Mirror qui en se projetant dans les années à venir imaginait les dérives de la technologie à outrance, des médias. J'entends parler de ce jeune homme qui n'a pas changé de statut sur facebook depuis le décès de son amoureuse il y a quelques années, je repense à ma tante qui animait le compte de mon oncle après le décès de celui-ci, je repense à facebook qui me rappelait de souhaiter son anniversaire à tatie Lisiane alors que ça faisait un mois qu'elle souriait sous les racines.

Peut-on faire son deuil dans ces conditions, en étant constamment rappelé de ce qui n'est plus, en n'étant qu'à un album photo de ceux qui sont partis. Peut-être qu'avant les gens construisaient leur mausolée aux disparus mais dans l'intime des portes closes, la peine se veut pudique, solitaire et invisible.


2 commentaires:

  1. Mon frère est mort en 2003, on en etait pas encore aux réseaux sociaux, mais on avait déjà les souvenirs numérisés… De plus étant d'une famille où les cérémonies et les mausolées n'ont pas lieu d'être (crémation et cendres répandues) cette mémoire "désincarnée" n'est pas forcément une mauvaise chose. Par contre je ne suis pas pour le fait de "s'afficher" avec son malheur sur les réseaux sociaux car c'est privé, c'est oral, c'est tactile… Sinon tout ce que je sais c'est que perdre un enfant c'est une plaie qui ne se referme jamais.

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  2. M'enfin, je sais pas si ça fait avancer grand chose ce que quoi je raconte…

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