mardi 11 mars 2014

L'hégémonie du sexe glabre.

Statut : "Là où il y a du poil, il y a de la joie" Proverbe français.


Je suis fatiguée.

Fatiguée des :

- "Tu peux t'épiler pour que je te fasse un cunni?"

- "Ca va me faire débander si je vois ta chatte, tu peux garder ta culotte et on s'arrangera?"

- "Dommage que tu aies des poils..."


J'ai attendu toute mon adolescence pour que mes seins et mes poils poussent. Oui, mes POILS. Ca voulait dire pour moi que je quittais mon corps d'enfant nubile, pour ce corps de femme. Le poil n'a jamais été diabolisé d'où je viens. J'ai eu des modèles forts de femmes qui les arboraient sans gêne.

En mettant pied en France, j'ai senti les regards masculins lourds de dégoût. "Ah, t'es pas épilée?" avec la pointe de déception qui teintait leur voix. Et germait la culpabilité en moi. Celle de ne pas être aux normes de la jeune femme des années 2010. J'ai essayé de me conformer et ce sentiment de trahir mon corps et mes valeurs ne m'a pas quittée.

Est venu le temps où je n'ai plus voulu en démordre. J'ai décidé de les garder mes poils, ma petite toison d'amour. Parce que je m'aime comme ça, que je me sens belle comme ça et que je refuse ce foutu diktat. Un sexe poilu protège ta flore et préserve tes odeurs. On bascule tellement dans cet univers aseptisé, où on ne sait plus ce qu'est l'odeur d'une chatte ou d'une queue. Cette quête du "propre" enlève toute sensualité à la baise, on a peur de l'odeur, on se cache sous des parfums, des crèmes. On se fait disparaître sous des senteurs artificielles. Une douche avant, après, parfois pendant. L'hygéniénisme est par minou (hinhinhin).

Je suis fatiguée de devoir prévenir, d'être dans l'appréhension du regard de l'autre, d'avoir l'impression d'être repoussante ou moins désirable. Le naturel des corps, le naturel tout court que diantre. Nous voulons tout contrôler, nos métabolismes, nos cheveux, nos traits, TOUT. Pas une place pour le laisser-aller. Des émotions aux poils, tout est maîtrisé.

Mais je vous dis fuck, je viens telle que je suis, ça n'enlève rien à ma sensualité, à mes envies, mes fantasmes. Nous savons nous construire nos complexes seules comme des grandes, laissez-nous tranquilles.
Notre gros cul, nos vergetures, nos cheveux gras, nos bourrelets, notre peau d'orange, notre petit bidou, nos ongles pas faits, notre repousse de trois jours, nos seins qui tombent. On voit tout ça, on le sait.

Avec ou sans poils une femme reste belle, son corps est le sien et elle en fait ce qu'elle veut. Pesez vos mots et vos regards par pitié. Nous ne sommes qu'amour pour vous, pour vos micro-pénis, vos zizis tordus ou pas assez larges. Quand on vous aime, on vous prend tels que vous êtes. Faites-en autant.


Et aux hommes passés dans ma vie qui m'ont dit:

- " Je ne conçois pas un sexe de femme sans poils"

- " On s'en fout n'est-ce pas?"

- "Miiiiaaaam"

Vous n'avez pas été nombreux mais je garde un précieux souvenir de vous.

Bisous - Papillons - Licornes 

NDLR : Aux Mauriciens qui vont me lire, ceci est une oeuvre de fiction, je n'ai jamais consommé en dehors de l'institution sacrée du mariage. ( HAHAHAHA)

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10 commentaires:

  1. Toute uniformisation est triste à mourir... Ceci dit, à mon humble avis, l'entretien d'une "petite toison d'amour" demande autant d'attention que celle d'un sexe glabre... C'est un peu comme une barbe quoi.

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  2. L'entretien de la "petite toison" est implicite. On entend la traiter comme on traite les cheveux. Avec amour et fort lustrance.

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  3. Merci Catheu pour ce billet, le glabre est la norme pour les aisselles et les jambes depuis longtemps en Occident et depuis une dizaine d'années, c'est pareil pour le pubis. A tel point que certains jeunes hommes pensent qu'une femme avec des poils pubiens a une maladie :(

    Le corps inaltéré des femmes a toujours posé problème au patriarcat. Les modifications du corps ont servi à contrôler le corps (et donc la vie) des femmes. En les obligeant à enlever des signes de maturité sexuelle, les hommes les infantilisaient. Il fallait à tout prix différencier les hommes des femmes et ce qu'ils et elles ont en commun à l'âge adulte, c'est justement la pilosité sexuelle.
    Plus d'infos sur mon site : http://pgriffet.voila.net

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  4. Bonjour Pierre,
    Je vous remercie de votre retour.
    Cependant je campe sur une position très sûre, chacun fait ce qu'il veut de son corps.
    Avec où sans poils, c'est le choix de l'homme ou de la femme.
    Personnellement je m'aime avec mais ne juge aucunement celles qui veulent s'en défaire.
    Une question de personnalité et surtout de culture.
    Très amicalement
    Cat.

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    1. Je pense que vous m'avez mal lu ou que vous avez mal interprété mes propos ^^
      A aucun moment, je ne porte de jugement sur les femmes qui s'enlèvent les poils. J'ai rappelé l'origine de la norme, elle est méconnue par la plupart des gens.

      D'autre part, dans les médias, on ne montre que des femmes au corps glabre depuis des dizaines d'années, ce qui veut dire que les jeunes filles n'ont aucun référent pour s'identifier. Or, tout le monde sait que l'identification est un phénomène fréquent chez les ados. Autrement dit, le "goût" pour le glabre est largement influencé par les images glabres qui circulent en permanence. Même dans les pubs de rasoirs pour femmes, la femme qu'on voit se raser n'a déjà plus de poils ! C'est une aberration totale et ça montre bien le tabou de la pilosité de la féminine.

      Si on voyait ne serait-ce que 10% de femmes avec des poils aux jambes/aisselles dans les médias, on pourrait dire qu'il y a un choix "libre" de s'enlever les poils ou pas. Mais ce n'est pas le cas, ce qui veut dire que le choix n'est pas vraiment libre, en sachant aussi qu'une femme qui expose ses poils en public risque de subir des sarcasmes, voire des insultes. En Suède et en Angleterre, des femmes ont carrément été menacées de mort à cause de leur pilosité qu'elles montraient !

      Je suis pro féministe, donc pour le choix de chaque femme de fair e ce qu'elle veut de son corps. Mais concernant la pilosité liée à la puberté, ce choix n'est pas possible, en Occident, du moins.

      Je vous renvoie vers mon site pour plus d'infos, il n'est pas prosélyte, il expose simplement tous les aspects liés à cette pilosité, c'est une goutte d'eau dans un océan pilophobe.

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    2. J'entends ce que vous voulez dire!
      En effet je n'avais pas complètement compris. C'est vrai qu'en 2014, le poil relève plus du mythe urbain que d'autre chose.
      Je sais quelles sont les valeurs que je vais transmettre à ma fille, c'est aussi à travers l'éducation que nous pouvons réajuster le tir.

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  5. Catheu: Je suis aussi d'accord avec le fait que chacun fait ce qu'il veut et que l'on respecte le choix de chacun.
    Ce que souligne Pierre c'est, je pense, que la notion de choix n'est en fait illusoire.

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    1. Tout à fait!
      En relisant mieux, j'ai entendu ce qu'il voulait dire.

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  6. Merci pour ce coup de gueule.
    On ne devrait jamais être jugées, rejetées pour un truc pareil ! C'est notre corps, ce n'est pas sale, ni anormale...
    Ca devrait être un choix comme un autre, avec ou sans...

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